DYNAMITE SHAKERS

VENDREDI 12 AVRIL
Carré d’Argent

Jusqu’ici la force des Dynamite Shakers résidait principalement dans leurs prestations scéniques, ô combien brûlantes. Don’t Be Boring, leur premier vrai album change la donne. L’objectif fixé avant son enregistrement était de « retrouver l’âme des sessions Sun Records, millésime 1955 », ce mélange d’énergie et de simplicité qui va droit au but. Un objectif pleinement atteint.

 

Depuis leurs débuts en mars 2019, ces quatre esthètes, héritiers directs des flamboyants Dogs, ont alignés 360 concerts. D’abord autour de leur fief de Saint-Hilaire-de-Riez, en Vendée, puis en Bretagne, avant de régaler le public parisien de leur élégante sauvagerie en ouverture des Fleshtones à Petit Bain en novembre 2021. La fréquentation de ces derniers, avec lesquels ils ont fini par sympathiser, et ce conseil de Peter Zaremba, « Quel que ce soit le lieu, le contexte, le public : toujours se donner à fond, ne jamais tomber la veste, ne jamais considérer qu’il s’agit d’un concert ordinaire », ont assurément porté leurs fruits.

 

Leurs premières setlists révélaient déjà un goût très sûr : reprises d’Eddie Cochran, Gene Vincent, Jerry Lee Lewis et, pour la touche de « modernité », Stray Cats. Dans un deuxième temps ils revisitèrent les Kinks, et autres Sonics, Flamin’ Groovies, Remains, Fleshtones… Des figures tutélaires qui font que « la question de chanter en français ne s’est jamais posée, tout ce qu’on écoutait était anglais ou américain ». Peu à peu, leur répertoire va s’étoffer de compos infusées de ces références qui seront rassemblées sur un 25 cm devenu aussi rare que précieux. On y décelait déjà cette Dynamite Shakers touch qui fait de ce Don’t Be Boring un album de rock’n’roll jubilatoire, où l’on passe sans transition du fébrile « Look How Fast It Goes » au mid-tempo « The French Top Ten ».

 

« Après l’expérience du six titres (trop léché, trop propre), on voulait renouer avec quelque chose de brut ». Pour répondre à ce cahier des charges, difficile de trouver plus qualifié que Jim Diamond, bassiste des Dirtbombs et coréalisateur de deux albums des White Stripes. Huit jours de studio ont suffi pour enregistrer ces dix morceaux principalement composés par Elouan Davy (guitare/ chant) et minutieusement répétés et rodés sur scène. Calvin Tulet, guitar hero en devenir, s’y épanouit à grands renforts de solos fuzzy et de contrepoints judicieux. Quant à François Rocheteau, il confirme qu’un groupe de rock’n’roll n’est rien sans un grand batteur. On se délecte ici de sa frappe métronomique, comme on se délecte en concert de ces ruades de mustang sauvage. Composé et chanté par la bassiste Lila-Rose Attard, « The Gates to That Sweet Song of Yours » enrichit Don’t Be Boring d’une touche plus introspective et entrouvre une porte sur un univers qui préfigure peut-être les prochaines aventures des étonnants Dynamite Shakers.

Quels sont les attentes, les espoirs, les rêves d’un groupe de rock’n’roll à la veille de dévoiler son premier album taillé sur mesure pour la scène ? « Jouer tous les jours », répondent les intéressés, impatients d’en découdre.